INFOLETTRE DECEMBRE 2025

Anne Le Bouëtté Par Le 05/12/2025

Temps de lecture: 5 min

La honte ne frappe pas à la porte. Elle s’installe sans faire de bruit, au fond de la pièce.
Et c’est nous qui, soudain, marchons sur la pointe des pieds, retenons notre souffle, multiplions les acrobaties… pour ne pas la réveiller.

La honte : cette ombre qui murmure « Tu n’es pas à ta place »

Dans mon accompagnement, je vois souvent cette émotion discrète et puissante : la honte.
Elle paralyse plus qu’elle ne crie. Elle empêche d’oser, de se montrer, d’exister pleinement.

Et aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, la peur du jugement est devenue une anxiété presque quotidienne.
Ajoutez à cela le regard familial, les « on ne fait pas ça chez nous », et vous obtenez un cocktail détonant… qui nous coupe de nous-mêmes.

Un souvenir personnel

Je me souviens, à l’époque de l’école d’ingénieurs (environ sept filles pour cent étudiants). J’étais si anxieuse de paraître « bête » que j’anticipais parfois les rires. Je souriais avant la chute, je ricanais pour paraître dans le coup. Mauvaise stratégie, évidemment, quand on cherche à ne pas se « taper l’affiche ».

Je riais sur commande. Je fumais pour occuper mes mains tremblantes. Je regardais mes chaussures, le ciel, n’importe quoi pour éviter de croiser un regard.

Cette honte-là m’a appris à me faire discrète. À me fondre. À m’effacer pour ne pas déranger. Ou alors, à l’inverse, à parler un peu trop fort, à rire avec un éclat forcé — une bravade, un pied de nez rageur contre ce sentiment qui me nouait le ventre.

Mais elle revenait toujours, la honte, plus forte encore quand j’étais seule. Le soir, dans ma chambre, le film se rejouait en accéléré : Mais qu’est-ce que j’ai dit ? Mais qu’est-ce que j’ai fait ? Ils doivent penser que je… Un écho sans fin.

Honte vs Culpabilité : une différence qui change tout

  • Culpabilité : je me dis “J’ai fait une erreur.”  Et cela peut me mener à réparer. Il est aussi utile de revenir à l’intention initiale, et si elle n’était pas mauvaise, il sera encore plus facile de « réparer »; si on reconnait qu’elle était mauvaise, on a aussi le droit de présenter des excuses, ça n’a jamais tué personne.
  • Honte : je me dis “Je SUIS une erreur.” Et cela me pousse à me cacher, à tenter de disparaître. Les petites phrases assassines affluent à l’intérieur : " je ne sais même pas"…, "je ne suis même pas capable de … "

Ce petit glissement sémantique est immense.
La honte isole. La culpabilité peut parfois relier.

 Pourquoi les réseaux sociaux attisent la honte

Ils transforment la vie en scène permanente.
Comparaison, peur de l’erreur publique, impression que « tout le monde sait »…
La honte s’en nourrit. Et grandit en silence.

 4 pistes pour commencer à desserrer son emprise

Nommez-la
Passer de « Je suis nul(le) » à « Là, je ressens de la honte » change tout. Vous n’êtes pas l’émotion, vous la traversez.

Revenez au corps
La honte s’ancre dans le corps : gorge serrée, joues chaudes, ventre noué.
Respirer, sentir ses pieds au sol, bouger doucement… pour reprendre possession de soi.

Parlez-vous comme à un ami
L’auto-compassion, ce n’est pas se trouver génial. C’est se parler avec bienveillance, comme on le ferait pour quelqu’un qu’on aime, en difficulté.

Retrouvez l’enfant en vous
Dans un moment de honte, reconnectez-vous à la version plus jeune de vous qui a souffert.
Posez une main sur votre cœur et dites-lui : « Je suis là maintenant. Tu n’as plus à porter ça seul(e). »

 Un mini-exercice en 6 minutes

Repensez à une situation de honte récente (pas la pire, une « petite »).

Localisez la sensation dans votre corps.

Dites intérieurement : « Je te vois. C’est difficile, mais je reste avec toi. »

Imaginez que c’est vous, plus jeune, qui vivez cela.

Posez une main sur votre sternum et répétez : « Tu as le droit d’exister, imparfait(e) et digne. »

Respirez, et revenez au présent.

Ce n’est pas une magie qui efface tout.
C’est un premier pas pour reprendre votre place.

 Pour aller plus loin

Si le sujet vous touche, voici quelques lectures précieuses :

  • « Les dons de l’imperfection » – Brené Brown
  • « Oser : Thérapie de la confiance en soi » – Frédéric Fanget
  • « Mourir de dire : La honte » – Boris Cyrulnik

Et voici quelques podcasts :

En séance, on en fait quoi ?


Selon les personnes, nous pouvons travailler la scène source de la honte, apaiser le système nerveux, décoller les étiquettes (« je suis nul(le) ») et réapprendre à occuper l’espace… sans s’excuser d’exister.

Avec l’hypnose, l’EFT ou les stimulations bilatérales, il ne s’agit pas d’effacer votre histoire, mais de lui enlever son emprise.
Pour que vous puissiez redevenir l’auteur de votre récit.

 

Prenez soin de vous,
et rappelez-vous :
La honte aime l’ombre. La parole, doucement, allume la lumière.

 

À bientôt,

Anne


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