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LES DANGERS DE L'HYPNOSE

Par Le 16/02/2022

L’hypnose est-elle dangereuse pour la santé psychique?

J’ai reçu un jour une personne dans mon cabinet, totalement paniquée à l’idée d’aller en hypnose: elle refusait que je la regarde, et craignait de perdre le contrôle d’elle-même.
Je lui ai dit que je comprenais qu'elle ait peur, et que j'allais l'accompagner à apprivoiser et contrôler son état d'hypnose pour qu'elle apprenne à se servir de ses capacités cérébrales en toute autonomie.
Il faut bien reconnaître que le danger de l’hypnose est un sujet récurrent et que l’hypnose pâtit d’une réputation un peu sulfureuse dans certains esprits, ce qui finalement n’est pas si surprenant, au vu de l’image de l’hypnose que donnent à voir certains spectacles.
Nous avons tous pu voir des sujets dont le corps était maintenu immobile et parfaitement rigide entre deux chaises, tandis que l’hypnotiseur lui faisait porter des charges de plus en plus lourdes.
Le Dr Erickson, ce fameux psychiatre à l’origine de l’hypnose Ericksonienne, ne goûtait pas du tout ce genre de divertissement, selon lui totalement irrespectueux des personnes.
Mais il faut garder à l’esprit que l’individu sur scène s’est porté volontaire pour jouer le jeu et a montré des aptitudes particulières à l’état de transe lors du pré-test effectué par l’hypnotiseur.
En aucun cas l’hypnotiseur ne pourrait lui faire faire quelque chose qui va à l’encontre de ses valeurs, même si le sujet semble tout à fait sous influence et incapable de résister à l'hypnotiseur.
Cependant, un sujet peut se sentir mal à l'aise dans une expérience où l'hypnotiseur manque de respect ou d'éthique.
Le Dr Erickson s’est largement intéressé à cette question du pouvoir de l’hypnose dès 1932, et a mené de très nombreuses expériences sur ce sujet, dont vous trouverez le détail dans les fameux « Collected Papers », qui contiennent l’ensemble de toutes ses publications réunies en 4 tomes.
Le chapitre 25 du tome 1 détaille les expériences menées par le médecin psychiatre et montre qu’il n’a pas ménagé sa peine pour vraiment s’assurer d’une étude la moins biaisée possible. Certains sujets d’ailleurs lui en voulurent et il lui fallut rétablir la relation et expliquer sa démarche et le but de l’expérience par la suite pour pouvoir continuer à travailler avec eux. 
L’article stipule en préambule : " quand on passe en revue la littérature sur le sujet, on pourrait penser que l’hypnose est pleine de dangers à condition d’accorder le moindre crédit à des opinions non fondées et à l’ignorance." Et de fait, il n’a trouvé trace d’aucune étude sérieuse sur le sujet.
Mais il en a mené lui-même un grand nombre.

L’hyper suggestibilité

La première question posée concerne le fait que les personnes hypnotisées deviendraient de plus en plus suggestibles. En fait, Erickson a constaté que les sujets habitués à entrer en transe en un claquement de doigts pouvaient résister s’ils l’avaient décidé ou s’ils n’étaient plus intéressés par l’expérience menée. De plus, s’ils travaillaient avec un autre hypnotiste, il fallait tout reprendre
au début dans l’apprentissage de la transe.
Il m’est arrivé une fois en cabinet d’entendre quelqu’un me raconter qu’un hypnothérapeute l’avait conditionnée en transe pour la protéger d’autres hypnotiseurs car elle était influençable, et que de ce fait il lui était désormais impossible d’aller en transe.
Les études du Dr Erickson montrent clairement que cela relève du pur fantasme.
Dans un tel cas, plutôt que de démontrer à la personne qu'elle a tort, on utilise sa croyance pour lui faire vivre un état d'hypnose intéressant pour elle, et on va travailler sur ce qui fait qu'elle a "donné les clés du camion" à une tierce personne, pour peu à peu aller vers l'autonomie.

Les modifications possibles de la personnalité

Le Dr Erickson prend comme premiers exemples les membres de sa famille qu’il hypnotisa pendant plusieurs années consécutives sans déclencher de troubles de la personnalité.
Mais le plus intéressant peut-être est le cas de nombreux psychothérapeutes ayant utilisé l’hypnose sans succès pour « induire délibérément des modifications de personnalité chez leurs patients ».
Il donne l’exemple dans son article de l’homosexualité qui dans les années 30, aussi incroyable que cela puisse paraître aujourd'hui, était considérée comme une pathologie et sur laquelle l’hypnose se révélait bien sûr totalement inefficace.
Selon lui, aucune étude sérieuse n’a pu montrer que l’hypnose pouvait changer la personnalité d'un individu.

Influence sur le discernement entre ce qui est réel et ce qui ne l’est pas

Le Dr Erickson évoque ici le fait qu’une séance d’hypnose est limitée dans le temps, et il relèverait du miracle qu’une « procédure de durée limitée puisse modifier fondamentalement des habitudes psychologiques établies tout au long de la vie ».
Il n'a jamais eu de cas dans les centaines qu'il a traités, de patients qui auraient perdu leur faculté de discernement entre réel et "imaginaire" suite à une séance d'hypnose.

L’utilisation de l’hypnose pour échapper à une situation désagréable

Quelqu’un pourrait-il se persuader en autohypnose qu’il a déjà effectué une tâche pénible pour y échapper par exemple ? Le Dr Erickson n’a remarqué que des cas où les sujets tiraient bénéfice de leurs apprentissages hypnotiques, et n’a rencontré aucun cas sur les centaines de patients qu’il a accompagnés, où le patient aurait utilisé son apprentissage hypnotique de façon défavorable pour lui, par exemple en élaborant une stratégie sophistiquée d'évitement.

Les aspects négatifs et les effets secondaires de l'hypnose

Si de nombreuses personnes faisant l'expérience d'une transe hypnotique apprécient cet état de conscience modifiée, pour d'autres il peut se révéler inconfortable au début. En effet les profils contrôlants n'apprécient pas par exemple de se sentir partir en arrière sans l'avoir voulu consciemment si c'est la manière de leur inconscient de développer l'hypnose. D'autres perdent la notion d'espace et parfois ne sentent plus certaines parties de leur corps. Pour certains c'est amusant voire très intéressant de découvrir d'autres aspects de ses capacités cérébrales ignorés jusque là, mais pour d'autres, il faut un temps d'adaptation pour accepter de laisser son corps réagir en mode automatique à certaines suggestions de l'hypnotiseur.
Il arrive aussi que les jours qui suivent une séance d'hypnose donnent lieu à des réactions émotionnelles parfois fortes, comme un signal de quelque chose en train de se régler en profondeur.
Assurez-vous de pouvoir contacter votre thérapeute si cela vous arrive et surtout si cela vous inquiète. Mais rassurez-vous la plupart du temps il s'agit de quelques jours inconfortables qui aboutissent ensuite à des changements positifs pour soi.
Il y a rarement changement sans dérangement.

Conclusion

Le Dr Erickson a poussé très loin ses expériences pour vérifier le pouvoir de l’hypnose, soit en demandant à des sujets en transe de s’infliger un dommage physique ou psychologique, soit en menant des expériences impliquant pour les sujets d’abîmer ou perdre des biens personnels, ou encore d’enfreindre leurs règles morales ou sociales, ou bien même de nuire à quelqu’un.
Il induisait systématiquement une amnésie, et posa aussi quelques suggestions post-hypnotiques destinées à induire certains comportements ou actions voulu.e.s après la séance.
Le plus étonnant à mon avis dans ces expériences, réside dans le fait que non seulement aucune expérience d’hypnose n’a réussi en ce sens, mais encore qu’il a été possible de persuader certains sujets de commettre certains actes à la limite de l’acceptable pour eux, à l’état de veille, compte tenu peut-être de l’intérêt scientifique supposé de l’expérience, et sans doute aussi du charisme
incontesté semble-t-il d'Erickson, ce qui s’est révélé totalement impossible en état d’hypnose du fait de leur refus catégorique.
Dans l’état de transe, Le médecin n’obtint aucun résultat probant, si ce n’est une certaine agressivité des sujets à son égard, sans que les sujets comprennent pourquoi du fait de l’amnésie,  jusqu’à ce qu’il explique à l’état de veille les détails de l’expérience, et que la relation rentre dans l’ordre, avec tout de même, pour certains, une certaine réticence ou carrément un refus à se prêter à des
expériences ultérieures.

En somme, penser qu’un hypnotiste ou hypnothérapeute pourrait prendre le contrôle de l’esprit de quelqu’un et lui faire faire n’importe quoi relève de la pure fiction.
Ce n’est tout bonnement pas possible, grâce à tous les mécanismes internes d’auto protection de tout un chacun.  
Nous voici rassuré.e.s donc!
Ce qui ne dispense pas de se confier aux soins d'un hypnothérapeute qui inspire confiance, correctement formé à l'hypnose, qui sait ce qu'il fait, et respectueux des personnes qui sollicitent son accompagnement. Renseignez-vous sur la ou le thérapeute avec qui vous prenez RV, sa formation, son expérience, son code de déontologie.

Lorsque j'accueille des personnes qui ont peur de l'hypnose en cabinet, je leur explique qu'elles vont apprendre à gérer leur état d'hypnose, à le contrôler et à jouer avec, pour faire de leur inconscient un allié et changer vraiment ce qu'elles veulent changer, que ce soit un comportement inapproprié, une façon inadaptée de gérer leurs émotions, ou une perception limitante
d'un événement passé ou d'une situation.

Pour plus de détails sur le déroulé d'une séance dans mon cabinet, cliquez ICI

[source : Collected Papers Milton H Erickson « De la nature de l’hypnose et de la suggestion – Tome I]

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ANNUAIRE DU SYNDICAT NATIONAL DES HYPNOTHERAPEUTES